Sommeils, soudain.
Ou: dures luttes sur le tard.
… mains immobiles sur le clavier je réfléchis et je réfléchis encore à l’avancée de mon travail une difficulté informe et insurmontable m’a fait stopper toute progression je m’en rends compte un peu par hasard car je reste sans rien taper sans rien avancer sans regarder combien de temps va savoir…
Je me trouve dans une salle de cinéma à Anvers mais pas pour voir un film, j’écoute un conférencier en anglais qui parle autour d’une question actuelle, la blockchain, l’usage de cryptographie ou la création de jeux vidéos à destination des petits enfants. Les joues en faux cuir du large fauteuil accueillent ma tête de plus en plus lourde, mon crâne se concentre sur ce point de l’occiput en contact avec le haut du siège. J’écoute en fermant les yeux, par intervalle, puis perds mes pensées dans une forêt de sens sans réalité.
Dans un autre cinéma. Des propos me proviennent de la droite, en anglais encore une fois, à gauche surgit le bruit d’une jeep, y a-t’il quelque chose devant moi? Les paroles par un sursaut de ma volonté redeviennent compréhensibles par bribes, par phrases, seules, uniques, coupés du flux des autres mots. Chaque bout du dialogue se découpe distinctement dans ma perception de l’histoire, si vif que je ne m’aperçois même pas que mes yeux sont fermés depuis un temps impossible à évaluer et j’ai certainement raté des dizaines de phrases et perdu le fil de l’histoire.
Réveil en sursaut, je m’étais isolé dans une salle de classe pour mieux travailler mais le sommeil a gagné, je ne m’en aperçois que trop tard. Je rejoins le cours auquel je devais assister, corps et esprit, en retard. Le professeur m’accueille avec une joie non feinte. Au bout de 5 minutes il bondit vers moi et s’inquiète: » Qu’est ce que vous arrive? Votre joue est rouge! » C’est la marque de mon sommeil.
Premiers transports en commun tôt le matin. Je regarde les autres puis j’apprends à poser mon écharpe sur la vitre stable mat et sale du wagon et à placer délicatement mon front sur ce tissu trop chaud, mes yeux se ferment ainsi que le font tant autres qui vont eux aussi au travail. Les idées divaguent, seules, se délient, vont paisser dans le paturage de ces moments de liberté, point trop besoin de compter des arrêts, l’esprit en mode veille se charge du reste.
Le contact imprévu, effrayant du vêtement ou de la peau du voisin ou de la voisine, l’esprit secoue le corps. » Réveilles-toi, malappris! ». Ce même contact qui te paraissait inespéré, plein de désir, d’espoirs et toute honte bue, au temps de ta jeunesse inaboutie.
Chaos. Réveil en soubresaut alors que mon corps cahotant retombe lourd sur la banquette arrière de la Volvo. « Pardon ». Mon père nous conduit la nuit. D’abord le réveil en sursaut du corps puis les nerfs qui te redonnent de l’équilibre puis de l’esprit et des mots. Qu’est-ce qui s’est passé?
Le vide au dessus de mon corps. Sieste d’été. Sans drap, au dessus du couvre-lit simplement couvert de l’air des vacances. Les mouches sont nos pires ennemies. Arriver à s’énerver puis s’endormir.
Dormir avec les autres, beaucoup d’autres, des gens que je connais. Réveil inquiet. Qui ais-je aujourd’hui importuné? Je ronfle. Ça fait trente ans que je ronfle. Ça ne m’ennuie pas de ronfler. C’est pour les autres surtout qui trouve cela paraître inadéquate. Alors j’essaie de ne pas ronfler. Je m’endors et me concentre et je ronfle.
Je me demande quand même s’il n’y a pas une fuite.