Journal

Écrire avec ardeur.

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Je me suis toujours demandé à quoi pouvait réfléchir un miroir. Quand il est seul, qu’est-ce qu’il devient, qu’est-ce qu’il fait? Lorsque j’étais petite, lorsque la maison était vide je me promenais de chambre en chambre, de pièce en pièce. J’allais chercher quelque jouet secret chez mes fères, un soldat ou un Transformaer et je me demandais ce que mes frères pouvaient bien leur raconter.

Je m’amusais de pièce en pièce, d’un bout de laine laissé parle chat, ou d’une balle de tennis effilochée. Parfois aussi, simplement, c’était le chat qui venait vers moi et qui se dressait sur ses pattes pour me faire peur, ou pour jouer, ou me défier alors qu’il était si petit. Mais je rentrais rarement dans la chambre verte, car c’était la seule où se trouvait un miroir. Il était bien modeste, assez grand pour refléter le haut du corps de mon père quand il mettait sa cravate, mais pas assez pour l’aider à assortir ses chaussures.

Je restais derrière la porte ouverte, de l’autre côté du mur. Je me demandais ce que le miroir reflétait. C’était le seul miroir de la maison, il devait s’ennuyer. Il n’avait pas d’autre miroir avec qui refléter. Parfois il m’arrivait de m’armer de courage et je m’approchais de la glace.

Mais alors, aussi vite ou aussi doucement que je pouvais m’approcher, le miroir arrêtait sa vie personnelle, et se mettait à retourner mon image, docile, fidèle, sans surprise, il n’y avait rien à voir.

J’ai grandi à essayer d’approcher cet hôte silencieux, sans succès. Je retournais alors à ma chambre, décue, à mes livres et mes devoirs.

Quelques années après, j’avais alors bien grandi, alors que je révisais un cours de physique, je me suis levée et suis entrée dans la chambre verte. J’ai regardé le miroir, j’ai suivi ses contours argentés qui se défaisaient. Délicatement, j’ai pris le miroir et l’ai soulevé.

J’ai décroché le miroir de son mur.

J’ai regardé derrière le miroir. Il n’y avait rien. Ne restait que la trace d’un vert plus vif qui devait être le souvenir de la couleur initiale de ce mur.