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Écrire avec ardeur.

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(il est temps de se lever, de s’éveiller)

La tempête s’est levée, mon avion…

La tempête s’est levée, mon avion ne veut plus partir. Nous sommes bloqués dans cet aéroport de Pittsburg. Dans une petite salle entre gens du monde. La télé est allumée, entêtante, cable tiré entre des lieux qui ne se connaissent pas. Il n’y a plus que cela. Sur mon petit siège, entourée d’autres privilégiés je vais pouvoir assister au théâtre du monde.

Depuis quelques jours bruisse la rumeur, l’homme qui va être élu à la Cour Suprême est accusé. Par une femme. Qui ne voulait pas parler. Qui veut parler, qui va parler.

C’est la grande Audition. Les écrans ne disent que cela, le scandale, l’homme sera-t’il élu malgré le scandale. Ça parle sans s’arrêter.

C’est la grande audiotion qui va commencer. entures rouges, corps presque immobiles et micros coupés, ils s’installent devant leurs bureaux.

La femme se lève et jure de dire la vérité. Les yeux fermés.

Puis elle s’asseoit, elle va parler et on n’entend alors plus qu’elle. Elle raconte, une soirée d’étudiants, qui se passe mal, très mal, pour elle, oui c’était lui, l’assaillant, celui qui s’est jeté sur elle. Êtes-vous sûre? À 100%. Aussi sûr qu’une image s’inscrit dans le cortex. Ça marche comme ça, elle le sait, elle est scientifique de la cervelle.

On lui pose des questions. Les hommes se sont dérobés, ils n’ont pas osé lui parler. Ils ne voulaient gaffer. Les hommes ne parlent pas, elle continue à raconter.

Ce qui choque c’est sa tranquilité. C’est comme un événement passé qui aurait lieu maintenant, devant leurs yeux, ils ne peuvent rien, car c’est la réalité, mais la réalité s’est déjà passée.

Elle finit son récit. Elle boit un verre d’eau. Elle se lève et sort de l’écran.

Dans l’aéroport, après quelques minutes de silence gêné, un ou deux hommes se sont levés. Ils s’éloignent de leurs chaises et vont téléphoner.

La tempête continue de frapper, les vitres sont blanches de neige envolée.

Nous sommes toujours bloqués.

On nous sert encore à boire.

L’homme va maintenant parler.

Il est déjà assis et il saisit son texte. Il parle, il aboit, il accuse. Il a beaucoup à dire mais il martèle son texte, il frappe, il cogne, celle qui l’accuse, ses amis, ses soutiens, il accuse et il accuse encore. On dirait qu’il veut arrêter un train avec ses poings.

Et le train s’arrête. Un homme parle, il vient le défendre, sans discontinuer, puis un autre…

(TBC)