Télépathie 1
Je veux chasser ces pensées parasites. Que dans mon jardin de mots s’épanouisse une belle fleur. Le travail sera long, il faut s’armer de courage et commencer. Dans l’ordre. D’abord, sans me précipiter, je sais pouvoir imaginer la fleur, préparer le terrain pour qu’elle puisse s’épanouir. Je veux qu’elle puisse s’inventer devant mes yeux, je vais planter quelques phrases, jetées sur ce terreau intérieur.
Je me vois ensuite dresser quelques tuteurs.
C’est ce que j’aime le plus, décidément, avant même le texte, préparer sa venue, organiser sa culture.
C’est le matin, il fait froid mais je vais d’abord sortir m’occuper du carré de terre devant ma maison. L’hiver bientôt touchera à sa fin. Il me faut préparer le terrain, creuser, retourner la terre et jeter quelques graines dans un sillon avant de le recouvrir à l’aide de ma bêche et mon râteau. Pendant que je sue sur mon petit terrain, Je vois en moi le chemin que se feront les graines vers la lumière. Lorsque je regarde une terre labourée, plane et prête à la pousse, un sentiment de contentement m’envahit, une plénitude sourde dans le froid du jour. Dans le village les gens doivent me trouver folle lorsqu’ils me voient sans cesse bêcher, creuser, remuer la terre, préparer mon jardin en plein hiver. Ils ne savent pas ce qui se passe en dessous.
Cela fait maintenant deux longues heures que je travaille. Je me redresse en me tenant les reins. Mon dos est moulu, je dois préparer à manger et je regarde la terre retournée.
Tout à l’heure, après la vaisselle, j’ira passer quelques coups de fils puis j’irai dans mon bureau.