Girly show
C’était le matin. J’étais allongée sur le dos.
Maintenant que j’avais été virée de chez Mac Do, j’envisageais toutes les possibilités pour me refaire un peu d’argent.
De toutes façons à Roissy j’étais grillée comme du petit pain, tabasser les clients à coup de plateau, ça plombe une réputation, il faut dire.
Je voulais quitter cette vie toxique, cet aéroport, le bruit des avions, partout, tout le temps. J’avais plus qu’une envie, une nouvelle vie. Partir aux États-Unis, devenir actrice.
Du talent, je savais j’en avais, ça m’a fait penser à Gianni, le tenancier de l’Eden Club, à Louvres. Il m’avait déjà mis le pied à l’étrier, quans j’avais 16 ans et plus rien, déjà, sinon de l’espoir, chez lui j’avais fait mes premières armes de comédienne et de danseuse. Dans des spectacles pour adultes.
C’était pas bien payé mais on rigolait bien à l’époque avec les copines.
L’Eden Club. J’ai basculé au dessus du corps de Jacky, qui dormait encore et j’ai saisi mon portable.
Gérard… Gianni c’était son nom de sc-ne, en vérité il s’appelait Gérard Jugnot. Mais le nom était déjà pris et pour s’imposer dans le monde du cabaret, s’appeler come un petit acteur français, c’était pas une option.
Gianni. Je l’ai retrouvé alors que Jacky commençait à grommeler. Je l’ai poussé hors du lit. Pendant qu’il allait me préparer le café j’ai eu Gianni, rendez-vous était pris pour le soir même. Je tombais bien, sa danseuse vedette était indisposée, il m’a dit, elle avait la grippe colombienne et les flics lui aaient prescrit de rester 3 semaines à la prison de Réaux pour se remettre d’aplomb, ça l’a fait rigoler le Gérard.
Jacky est parti bosser. Je suis restée dans son lit à regarder Netflix, je voulais étudier le jeu des actrices. Puis il y avait de quoi fumer chez Jacky. J’ai scotché sur un documentaire, il s parlaient des tableaux modernes au Louvres, à Paris. S’ils savaient. Le soir c’est moi allait devenirun vrai tableau moderne, j’ai pensé. L’art est pas dans les musées, il est dans les clubs privés, quand Daisy remue son popotin.
Quand Jacky est revenu j’étais rête, j’avais remis ma petite robe, même si elle était tâchée, j’espérais que Gianni pourrait la laver, surtout que sur scène à l’Eden Club c’était pas l’endroit pour porter un vêtement.
Jacky m’a déposé devant l’Eden Club, je lui ai dit de revenir à deux heures.
J’ai fait la bise au videur, pourtant je ne l’ai pas reconnu mais il faut savoir soudoyer le petit personnel.
Je suis entrée dans le club. C’était un ancien hangar à fruits, le patron était parti avec la caisse, Gianni avait racheté le tout cash, mis des néons à l’entrée et des bouteilles aux murs. tous les gars de la région venaient se rincer la panse et l’oeil après le turbin.
Il était au bar Gérard, dans l’ombre, dans son costume blanc à col large à pointe rose, il fumait sa cigaretet électronique, j’étais là quand il avait eu un contrôle d’hygiène les flics lui avaient dit plus question de fumer des Lucky Strike au comptoir.
Il m’a vu, il m’a pris dans les bras, un peti tboulot bien payé ça demande des concessions.
- Dis donc je ne pensais pas te revoir.
Il m’a pincé la joue, oui j’avais grossi et je t’emmerde, Gérars, vas’y toi bosser chez MacDo, rien que regarder les frites ça te transforme en double cheese. - Toujours pochetron? Je lui ai tapé sur le ventre.
- Dis moi Charlotte, tu t’appelles toujours Daisy, pour la scène?
Il m’a regardé de bas en haut, il avait fait fortune à Rungis avant de se reconvertir dans le strip tease de banlieue. La tâche de sang il l’a tout de suite repéré. Il avait le chic pour m’emmerder.
J’ia enlevé ma robe, là devant lui, devant le bar, devant les clients, je lui ai mis dans les bras et lui ai dit:”Faudra me laver tout ça pendant que je serai là haut”.
Il s’est figé, je me suis retourné et ai marché vers l’entrée des artistes. Les mecs déjà ils sifflaient on aurait dit qu’ils n’avaient jamais vu un cul de leur vie.
Quand mon spectacle a commencé, je suis arrivé sur scène, une danseuse m’avait prêté un châle. J’avais rien d’autre, rien que mes talons et ma dignité. Je les ai allumé comme des cowboys, comme des voyous, les clients, ils criaient ils hurlaient.
J’ai tourné trois fois sur scène et puis j’ai jeté ma culotte au barman, puis je suis descendu dans la salle, j’ai commencé à me ballader entre les tables, avec le peu de vêtements qui me restait. Cinq minutes après j’étais à poil.
Il y avait une table avec des gamins visiblement surexcités, bourrés, ils criaient, levaient le sbra sau ciel, ils m’insultaient. Doucement j’ai marché vers eux. De l’index j’ai fait signe au plus bruyant de venir vers moi. Je l’ai allongé par terre sur le béton froid du club. J’ia fait le tour de son corps allongé. Puis je me suis arrêtée et j’ai enfoncé mon talon dans sa main posée sur le sol. Ses copains disaient plus rien. Et j’ai tourné, tourné, le gars osait pas crier.