Eleven AM
Pierrot s’est occupé de louer une chambre à Creil, pas trop loin de Louvres et direct en RER. Il a voulu être discret. Il est passé par Le Bon Coin.
J’attends ma proie. Ça a été facile de le faire tomber dans mes filets. C’est l’été. Le petit Sébastien va à la piscine de Louvres presque tous les jours. Je me suis acheté un petit bikini à fleurs rouges et j’ai traîné mes kilos en trop du coté du grand bassin. On a beau dire, les athlètes ça aime la chair fraiche. Au bout de deux heures au bord de l’eau, Sébastien m’a proposé de prendre un café. Il se sentait fort. Il m’a tout raconté, sa vie de stagiaire dans le garage de son père. Son BTS. Ses futurs vacances à Biarritz avec ses copains. Je n’en revenais pas, j’étais sa proie mais il n’y voyait que du feu, il se sentait un homme, il se sentait chasseur alors que c’est lui que j’étais en train de chasser.
Je le trouvais beaucoup moins bourgeois et thuné que ce que m’avait raconté Pierrot, encore un de ces plans bien boiteux.
On est dimanche, déjà. Rendez-vous donné à 11h, Creil, l’adresse il avait tout noté dans son smartphone Sébastien. J’étais arrivée la veille, j’avais passé la nuit dans l’appartement loué, à préparer mon plan et à révasser sous les toits dans la chaleur de l’été.
10h. Je me suis réveillée difficilement j’étais prise dans la nuit au sortir d’une nuit de rêves agités. Je suis allée directement sous la douche en espérant m’éclaircir les idées puis, sans prendre le temps de me sécher, je me suis assise dans un grand fauteuil de velours qui traînait devant la fenêtre, j’ai enfilé mes chaussures à talons et j’ai marché comme une dame devant le grand miroir dans la chambre meublée. Je me regardais, nue, je m’imaginais avec une robe sans manche, à rayures, très chic, d’immenses lunettes noires sur le nez pour passer inaperçue, j’étais sur le tarmac d’un aéroport, je me marchais d’un pas pressé vers mon jet privé, celui que m’aurait donné mon amant millliardaire, devenu moine bouddhiste au Tibet. Devant le capitaine de l’avion et tout mon équipage qui me faisait une haie d’honneur et m’applaudissait, Je faisais de grands pas conquérants.
Entre deux va-et-viens devant la glace, j’ai jeté un oeil par la fenêtre et j’ai vu Sébastien traverser la rue, il a levé la tete et m’a aperçu, j’étais nue comme au premier jour d’une nouvelle vie.
Je l’ai suivi du regard, il s’est s’engouffré dans l’imeuble. J’ai pris le temps de me passer un peu de rouge à lèvres, criard, flamboyant, salissant et qui sentait l’ortie.
Lorsqu’il est entré dans l’appartement, je l’ai embrassé à plein bouche et sans lui laisser le temps de comprendre ce qui lui arrivait, j’ai passé mon bras nu derrière son cou. Je respirais avec beaucoup de bruit, je collais mes lèvres contre les siennes, il ne pouvait pas parler, pas réagir, c’est moi qui commandait maintenant.
– Viens près de moi, je lui ai mumuré. Laisses moi faire.
Je l’ai poussé sur le lit et ai grimpé à califourchon sur lui. Je sentais son ceituron Gucci de métal entre mes jambes, contre mon sexe, il a essayé de se relever sur ses coudes j’ai passé mes mains derrière son corps et j’ai tiré sur son tee-shirt qui collait à son corps humide et qui puait la sueur. J’ai posé mes mains sur ses épaules et je l’ai poussé contre le lit, je l’ai embrassé, furieusement, crûment, comme il révait qu’on l’embrasse, je lui ai mordu les lèvres et j’ai senti le goût du sang dans ma bouche, une sensation âpre et rugueuse au fond de ma langue. Je me suis redressée, je respirais fort, comme si j’étais excitée.
Je me suis reculée. D’une main j’ai défait sa ceinture. J’ai ouvert son pantalon. J’ai saisi les hanches d son pantalon à pleines mains et j’ai tiré dessus jusqu’à ce qu’il arrive à la hauteur des genoux de Sébastien.
– Tu es à moi, tu es magnifique, maintenant, je lui ai fait.
Je me suis réinstallé sur Sébastien, son corps était tendu sous moi, ses jambes entravées, son sexe dur comme du bois, son torse lisse trempé de sueur. J’ai mis ma main contre sa glote et ai repoussé contre l’oreiller sans qu’il résiste.
Je l’ai laissé me regarder en train de me tortiller, passer les mains dans les cheveux, je lui ai dit “Regardes moi”, il était hypnotisé, incapable de bouger, comme un gamin devant sa télé, mais les monstres, tous les monstres sortent de l’écran pour venir le tourmenter et l’enfant ne peut pas bouger. Je me suis penché sur lui, j’ai senti mes seins se coller contre sa bouche, j’ai tendu mes bras et ai j’ai frotté mes aisselles contre son nez, pendant que je soupirais comme il n’aurait jamais rêvé, j’ai attrapé le bout du drap qui trainait derrière sa tête sur le lit défait. Son sourire niais. Devant lui j’ai déchiré le drap en une lanière, avec de grands gestes. J’ai passé les bouts du drap contre son torse.
– Tu sens ce qui va t’arriver?
– Oui. Non. Il m’a fait.
Avec la lanière, j’ai commencé à faire un noeud à son poignet. Il s’est mis à rire nerveusement, sa machoire pendait sans qu’il puisse exprimer un mot, je gardais un oeil sur son visage tout en jouant avec chaque extrémité de ses nerfs, je passais en rythme les bouts de lanières froides au dessus de son visage et sur son corps pour t’exciter doucement.
Je me suis penché à nouveau au dessus de lui et pendant que je remplissais sa bouche de mes seins, j’ai passé la lanière dans les montants du lit à baldaquin. J’ai tiré doucement sur la lanière, son bras droit est passé au dessus de sa tete. Je tenais fermement le bout de tissu de ma main gauche, j’ai descendu mon visage vers son aisselle et, en laissant traîner mes cheveux contre son bras, j’ai planté mes ongles profondément dans son flanc et les ai laissé lentement s’enfoncer. Sébastien s’est tortillé en laissant échapper un cri indistinct, J’ai saisi son poignet gauche et me suis affalé contre son bras pour qu’il passe lui aussi au dessus de la tête de Sébastien. J’ai saisi son poignet entre le bout de mes doigts et caressant délicatement avec le tissu les parties les plus fines de sa peau, je l’ai entouré avec la lanière. Une fois le noeud fait, j’ai serré d’un coup, violemment. Sébastien ne résistait pas, il s’offrait à mes liens. J’ai serré le plus fort que j’ai pu.
Voilà Sébastien maintenant solidement attaché au lit. J’ai planté mes dents dans ses lèvres violemment une dernière fois je me suis redressée et j’ai fourré le reste du drap dans sa bouche pour qu’il ne puisse pas hurler.
Il a commencé à se débattre en dessous de moi. Il était trop jeune, il ne savait pas si c’était un jeu érotique ou un film d’horreur, j’ai commencé à lire de la crainte dans ses yeux. Il a essayé de me faire basculer. J’ai pris ses cheveux de la main gauche, je l’ai tiré en arrière, son cou se cassait sous mes gestes violents et de la main droite je l’ai frappé, main ouverte, une fois, deux fois, puis j’ai fermé ma main et j’ai visé l’oeil, sa paumette a éclaté, j’ai senti du sang contre mes poings, j’ai enchaîné, droite, gauche, mes mains me faisaient mal à frapper, sa tête volait, à droite à gauche. J’ai saisi le ceinturon près de moi je l’ai mis dans ma main pour lui frapper au visage, à la tempe, à l’oeil.
Son corps était inerte maintenant. Je me suis relevée et je me suis dirigé vers la salle de bains, je devais reprendre une douche, revivre ce moment unique, cette joie nouvelle pour moi. Mes cheveux allaient être de nouveau mouillés mais tant pis.
Après la douche, j’ai remis mes talons et j’ai traversé la chambre, nue comme tout à l’heure, je suis allée à la fenêtre et j’ai appelé Pierrot, qui attendait en bas, pour qu’il vienne récupérer Sébastien. Je me suis regardée devant la glace, je me sentais reposée, légère.
Évidemment Pierrot apprécie pas spécialement que Charlotte se soit occupé de tout, il voulait le cueillir à la sortie de l’appartement c’était le plan initial. Elle ne se justifie même pas elle s’en fout. Elle comprend que ce qui l’intéresse c’est de tuer de pêter des gueules et pas la petite histoire de kidnapping à deux balles.