Il se souvient d’une grande faiblesse. Il ne se souvient pas à proprement parler d’un événement particulier qui aurait marqué sa mémoire, qui marquerait une frontière dans son être entre un jadis et un maintenant. Il a le souvenir au contraire d’une impression diffuse qui l’a toujours accompagnée, avant même qu’il ait pu mettre les mots dessus. Une envie de se plier en deux après un coup à l’estomac. Il a bien pensé à consulter un médecin mais il avait peur d’être catalogué dans un diagnostic hatif, comme un paresseux, un oisif, qu’on lui donne des médicaments contre sa souffrance, qui le pliait en deux par le milieu mais dont il sentait bien qu’il faudrait une radioscopie complète de son anatomie pour la débusquer.

Lorsqu’il a mal, il fuit de partout. Sa douleur s’éparpille dans ses articulations, particulièrement ses coudes, qui sont comme des antennes vers le vide. Ses crises de douleur sont des explosions de poches à l’intérieur de lui, vives, puissantes, enivrantes, qui le laissent ko pour de longs instants. Il git alors et se demande ce qui a pu remplir ces poches en lui. Il se remémore les jourrs précédents, sans trouver trace d’une quelconque anomalie. Il a la vie la plus simple du monde. Des émotions, des rebufades et quelques joies qui l’entrainent dans des rires incontrôlés qui, a-t’il entendu, le rendent charmant . Peut-être après tout est-ce physique…

Il reçoit un message qui l’irrite. Il devait s’occuper d’un dossier quelque peu délicat et le voilà destinataire d’un message qui lui demande de prendre en compte de nouveaux paramètres. Il n’aura jamais le temps, s’il doit s’occuper de tous les aspects de la question. C’est un peu ce que l’expéditeur du message sous-entend. Qui lui propose de lui expliquer le sujet. Son sujet, son royaume est coupé en deux par le milieu. Il sait que s’il demande des comptes on lui rira au nez.