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Écrire avec ardeur.

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La partition.

La partition.

Prendre part. Écrire des notes. Une partition. Puis jouer sa mélodie. Improviser, moduler, solo. Fini.

Écrire des notes. Les notes. Je les ai jetées dans mon téléphone, devant moi, dans la nuit. Le sujet me trottait dans la tête. De la performance? Intervention, plutôt. Je vais changer le monde, je vais inventer interpréter une mélodie déjà écrite. Créer une nouvelle religion. Vaste programme pour un jeudi.

Les notes. Je les ai jetées dans mon téléphone. Dans la nuit. *** Note 1 : Manuel du seau en plastique pour construire un château de sable et endiguer la montée des eaux.

Note 2 : Célébrer la certitude que tout progrès vers une sagesse personnelle est impossible. Par ex. Cours de bouddhisme pendant toute sa vie pour a la fin pêter les plombs et tout gâcher. Célébrer cette échec comme la réussite cachée, comme une Illumination.

Note 2 et demi, ou trois. Le corps ici. Faire de la méditation sur une musique métal(?) Faire souffrir le corps qui veut s’épanouir. A la fin tu apprendras que cet échec était le seul chemin et tu ne pouvais pas le savoir. Même les mauvaises idées sont des idées.

Note 3 : Idée pour réapprendre le moment, le temps, l’instant. Couper son téléphone le mettre en mode avion. Élévation. Voyage. Pas de trace. Sauf interdite, classée secret défense.

Note 4 : Écrire est une performance invisible. Demain n’est pas un autre jour. Être ou ne pas être, lala dou di dou da. Abolir la chansonnette.

Texte écrit sur mon téléphone portable en appelant la nuit.


Allons voir… Choisis ta voix, maintenant. Que vas-tu nous jouer? La ligne de basse, la ligne continue.

Cours de bouddhisme. Tu t’es inscrit au milieu de ton parcours en faculté. Tu avais du mal à vivre avec les autres, à vivre avec toi même. Tu as commencé à méditer. Chaque mercredi puis chaque dimanche aussi tu allais rue des cinq diamants, dans le Dojo Zen de Paris. Tôt. Tu prenais le métro avec les immigrés qui allaient nettoyer les bureaux. Mais ça tu ne l’as su qu’après. Pour toi tu n’allais que méditer au côté dans le métro de tes frères d’âme. Chaque fois tu ressortais de ces séances plus calme, plus sage, plus silencieux. Tu as arrêté les drogues, tu en as repris d’autres. La méditation te suffisait, te disait-tu. Tu as rencontré ta femme, dans un café de la porte d’Italie. Très vite, adeptes des hasards des mots, vous êtes partis à Florence, en vacances. Tu l’as laissé au bras d’un italien dont elle est tombée raide folle. Le destin ne frappe pas deux fois au même endroit, tu es reparti. Puis tu as refait ta vie. Un employer, puis un autre, mais toujours la méditation. Chaque matin, à l’heure où le matin se fait souffrance. Tu as acheté un appartement avec celle qui est devenue ta femme, puis la mère de tes deux enfants. Tu leur as appris la posture du lotus, le Mahāyāna, la beauté des dessins dans le sable, dessins provisoires, qui s’effacent d’un revers de main. Tu as grimpé les échelons. On admire ton calme, ta pondération. Cela fait maintenant plus de trente cinq ans que tu travailles pour la même boite d’assurance. Pourquoi changer, pour le même ? On admire ta sagesse, tu es fier de cettesagesse acquise au bout des années de dure labeur. C’est ton pot de départ à la retraite. Toute la société a été invitée. Il y a des ballons au mur, tes enfants n’ont pas pu venir, ils sont à l’autre bout de l’Europe. Erasmus. Ta femme est allée aux toilettes. Tu regardes les gens autour de toi. Ils s’amusent. Ils parlent. Tu retrouves la sensation de ton adolescence. Ça te tombe dessus. Comme une évidence. Tu es seul et tu n’as rien appris.


Il reste d’autres voix à écrire. Demain, je recommencerai.