Chaque corps cherche, vivre sa meilleure vie
” Séjour où des corps chacun vont cherchant son dépepleur. “
S. Beckett
https://www.youtube.com/watch?v=EfZu4BCi644
Acid Pauli.
“ We repeat, this is only a test. “
Recherche la possession, chaque corps piétine debout l’espace gardé libre à lui. Chaque corps tangue sur place au rythme de la drogue de la drague et de la musique, aussi, chaque corps cherche, vivre sa meilleur vie — mais sans toucher les autres. Vertical. Chaque corps debout, libre vers, intervention, nocturne, consommation, gratuite, puis perdue, sans cesse recommencée. Chaque geste répété, levé gracile de la main, doigts écarté, indépendante unité, terminaison d’un bras qui s’élève au-dessus de la tête, en cercles vifs qui tracent un cylindre serré vers le ciel, répétition au bout des doigts de danses espagnoles ou balinaises, chaque doigt de chaque bras de chaque corps désigne son unité, sa grâce, son désir d’indocilité, son indépendance d’un instant, sa foi farouche, chaque doigt qui se multiplie sur chaque corps debout l’espace gardé libre à lui. Est-on hier à suivre les rituels toujours oubliés sinon des recueils de souvenirs savants mélancoliques ou désespérants. Est-on touriste dans une baraque en bois d’aujourd’hui, des ouvertures laissent passer les odeurs et le roulis d’une mer pas loin qui s’approche puis se retire, lentement, doucement, toute la nuit, quelque nuit que ce fut, chaque vague elle-même est répétition du jour qui se couche et du jour qui se lève et de ces doigts qui s’élèvent chacun au dessus de chaque corps. Piétinement. Chaque corps frôle l’autre sans jamais le toucher. La sueur qui passe de près en près, trop près, s’écarter, sans paraître bouger, se déplacer, très peu, car peu de place, chaque corps vertical est prisonnier de sa liberté sur son mètre carré, corps se dandine dans son mouvement espère l’élévation — des mains des esprits des lèvres — la rencontre peut-être, aussi improbable que la collision des arbres, aussi impossible que la vie en communauté, chaque corps marche sur les pieds, les siens, des voisins, chaque corps pue, bras qui se lève, effluves, il faut y passer, donnes-moi, on s’échange, de la drogue, de l’alcool, de la boisson, de la cigarette, un numéro de téléphone, tu existes? Rester ancré, près de moi, j’attends l’élévation, la possession, ensemble, c’est ce que je cherche, et toi? Nous irons nous marier, nous achèterons un appartement où nous inviterons nos amis à danser, à piétiner ainsi ce sol qui nous sépare des autres corps, ceux qu’on ne connaît pas qu’on ne connaîtra jamais, ceux qu’on croisera peut-être dans l’ascenseur, pardon — pardon, vous descendez? Immobiles, pieds contre au sol, on lève alors les doigts vers le bouton de la cabine, d’un geste unique, répété. Ils descendent, ils attendent, ils piétinent, ensemble, les corps. C’est pourquoi ils ont eu besoin de ça, oui, la danse, les corps qui se répètent et ne se touchent pas, la vie ensemble, apprendre, vous descendez, oui, prendre l’ascenseur, prendre la voiture, prendre le chemin, je suis déjà en retard. C’est ce qui s’appelle travailler, ça ne s’arrête jamais. S’élever — prendre — recommencer.