Déranger la nuit
Cette nuit, la chaleur accablante de l’été autour de moi résonnaient contre le béton des murs de la ville. Seul, sur un lit immobile, je luttais avec l’insomnie, l’oreiller coincé entre la tête et le bras. J’avais le regard fixé sur l’écran de mon smartphone. Les vidéos zappaient l’une après l’autre. J’avais oublié toute honte. Soudain la rue me réveilla de ma torpeur. J’entendis des cris, des voix jeunes, avinées, venant de loin.Ils devaient bien être trois, ou quatre. Ils s’interpellaient, à coup d’insultes acerbes et excitées. Les bruits, les rires du groupe s’avançaient, prenaient toute la nuit et ils na concassaient en petits morceaux de querelles et d’envies.
Une fenêtre claqua. Les voix passèrent. Retour au noir.
Quelques minutes plus tard, combien je ne sais pas, j’avais peut-être dormi entre temps, un halètement commença à se faire ouïr. Aucun mot que je ne pouvais deviner., ça n’était que chuchotement échangés, irréguliers, des mots que l’on troque petit à petit contre une respiration qui s’approfondit, qui descend dans la cage thoracique, dans le bas des poumons, pour devenir feulement, lent, profond, venu du plus bas du ventre. Les feulements s’arrêtaient. Puis le silence se changea en un rythme régulier, métronomique, secs et réguliers accompagnés de petits cris de plus en plus forts et pourtant de plus en plus étouffés.. La scène était visible par toute la ville, j’imaginais les immigrés dans l’abribus, assis à côté d’une grand mère folle qui part faire son marché avant l’aube, assister sans savoir d’où cela venait, à cette montée de ce qui semblait bien être du plaisir. J’avais envie d’être toutes les oreilles de cette nuit martelée. Silence, encore. Un gloussement, les petits cris recommencent, cadencés, sportifs, plus rapides encore, ils deviennent frappés, dans un souffle qui s’expire sur scène. Un dernier cri, un râlement qui n’en finit pas sortir.
Une fenêtre claque.
Retour à la nuit, peut-être.